L'histoire du blues us, partie 1

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Le blues du delta

La région du delta est le berceau du blues. C’est dans les plantations de cotons qu’est né le blues au début du siècle voir même vraisemblablement à la fin du 19ème siècle. 

Les véritables pionniers n’ont pas eu la possibilité d’enregistrer et sont restés complètement inconnus. W.C. Handy fut le premier à écrire des partitions de blues en transcrivant les chants de travail qu’il avait entendu. Dès les années 30, Alan Lomax sillonna les états du sud à la recherche de musiciens qu’il enregistra pour le compte de la bibliothèque du congrès. Parmi ses découvertes, il y avait notamment Leadbelly, Blind Willie Mac Tell, Honeyboy Edwards, Son House et un certain Mac Kinley Morganfield (Muddy Waters).

Parmi les autres pionniers de cette époque ayant eu la chance d’enregistrer, les plus représentatifs sont Skip James, Bukka White, Tommy Johnson, Tommy Mac Clennan, Willie Brown, Sonny Boy Williamson II, Elmore James et surtout Robert Johnson et Charley Patton qui sont aujourd’hui devenus des musiciens mythiques si on peut employer cette expression pour des bluesmen. Certain de ces pionniers ont fini par trouver une reconnaissance nationale et internationale avec le blues revival dans les années 60.

Le Delta blues est une musique rurale profonde et authentique avec des textes souvent remplis de métaphores. C’est une forme de musique intense et poignante qui révèle de fortes personnalités. Contrairement à ce que peuvent penser certains, le delta blues est généralement électrique parfois même sur-amplifié et métallique. C’est une musique très rythmique, généralement peu sophistiquée et utilisant un minimum d’accords (le meilleur exemple est sans doute Junior Kimbrough) avec un son très “brut de fonderie” (T-Model Ford, Elmo Williams).

Le bottleneck y était très copieusement utilisé (le delta a fourni quelque grands maîtres de la slide guitare comme Elmore James et Fred Mac Dowell), c’est moins vrai aujourd’hui. La guitare reste l’instrument de base dans ce style de blues rural souvent marqué par un manque de moyens. L’harmonica y trouve sa place mais pas le piano et encore moins les cuivres. Des instruments comme le fifre ou la Diddley bow (sorte de guitare à une seule corde) sont de moins en moins joués.

Malheureusement, la plupart des musiciens de delta blues sont aujourd’hui très âgés (Honeyboy Edwards, Robert Lockwood), quelques uns nous ont quitté récemment (Roosevelt “Booba” Barnes, “Junior” Kimbrough, Lonnie Pitchford, Jack Owens, Frank Frost, Willie Foster) et les têtes d’affiche ont la bonne soixantaine (Big Jack Johnson, Sam Carr, Robert “Bilbo” Walker, Robert Belfour).

John Weston est l’un des rares à jouer acoustique. Même s’il demeure une grande tradition familiale (par exemple, R.L. Burnside joue avec son petit fils Cédric à la batterie) et malgré les efforts de formation de Johnny Billington, il y a aujourd’hui malheureusement peu de jeunes pour perpétuer la tradition. Ils sont généralement plus attirés par des formes de musiques plus urbaines et plus contemporaines comme le rap.

Quand on voit en 1999, que R.L. Burnside arrive à remplir le New Morning, on se met à espérer que le delta blues a peut être encore de beaux jours devant lui.

LE BLUES RURAL

Le blues rural s’adresse à la population des campagnes. C’est un blues simple, le plus souvent joué à la guitare avec parfois l’ajout d’un wash board ou d’un harmonica. Les textes y décrivent les préoccupations des Noirs de la campagnes. 

C’est aussi un blues qui n’étant pas du tout écrit même par rapport aux paroles permet de longues improvisations. Certains morceaux duraient des dizaines de minutes, ce qui ne se retrouve pas sur disque où la durée est limitée.

Cette forme de blues est très liée au blues primitif du Delta. C’est la forme de blues jouée avant guerre.

Après guerre vient le renouveau du blues rural. Le blues redescend de Chicago et emporte avec lui la guitare électrique et l’amplification. Le blues rural du Sud devient alors plus agressif. Elmore James, John Lee Hooker ou Muddy Waters en sont les figures les plus emblématiques.

LA MIGRATION VERS LE NORD

Suite à l’abolition de l’esclavage les noirs quittent les états du Sud pour le nord industriel. Ils se libèrent ainsi du joug de leurs anciens maitres, et en même temps se procurent un travail dans une des grandes industries américaines. Les propriétaires privés de leurs employés et de leurs métayers essaient d’enrayer cette migration, mais elle redémarre au début de la première guerre mondiale.

Démographiquement la raison en est simple. Les européens venant s’installer aux Etats Unis sont moins nombreux du fait de la guerre. Alors que l’effort de guerre requièrt une main de plus en plus importante, seul le Sud est capable de produire (involontairement) ces ressources en hommes. Rien que pendant la période allant de 1916 à 1940 près de deux millions de noirs iront vers le Nord dans l’espoir de se faire embaucher à l’usine. 

Ainsi augmentent les populations de New York, Detroit, Chicago, Philadelphie, Boston, Pittsburg et Cincinnati. La majorité des noirs se retrouvent à Détroit. Cette ville dont l’économie repose sur l’industrie automobile avec les usines Ford va accueillir un nombre grandissant de noirs jusque dans les années 1920. Le regroupement de population menant inexorablement au ghetto, Détroit connu le sien : Black Bottom. Son artère principale, Hasting Street, était longue de plusieurs kilomètres et bordée de maisons d’habitation, de bars louches et de commerces. C’est dans ces bars que beaucoup de musiciens de blues eurent leur premier contact avec le public. 

Cette migration changea le blues. Alors que jouer à la campagne dans une grange ou un juke-joint ne nécessitait pas d’amplification, les musiciens urbains durent pour se faire entendre abandonner la guitare acoustique. Ainsi le blues se joua au piano, et à partir des années 30 et 40 avec une guitare électrique et un micro. Le bluesman traditionnel seul sur scène va laisser la place à un groupe composé d’un piano, de guitares et d’une batterie. Ainsi est né le blues urbain, et plus particulièrement le Chicago Blues.

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Le blues du Texas est postérieur à celui du Mississipi. Ses particularités sont historiques, venant de la particularité même du Texas parmi les autres états américains.
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